CENTRAFRIQUE: Paris courtise, l'Europe hésite

Pour justifier son engagement dans la crise centrafricaine, François Hollande avait indiqué répondre à une nécessité morale de stopper une crise qui risquait de conduire à l’implosion du pays et provoquer des milliers de victimes. Il disait agir pour des raisons purement humanitaires. Mais visiblement même les interventions à visées humanitaires ont des coûts. Dans coûts qui, dans le cas présent, semblent si élevés que la France ne voudrait pas supporter seule. Echaudé par les 650 millions d’euros que Serval a coûtés à un trésor public français qui n’est pas particulièrement fourni par les temps qui courent, Hollande se dit alors qu’il pourrait solliciter l’aide de l’Union européenne. Eu égard au leadership que son pays assume au sein de cette institution, la doléance pourrait passer comme une simple formalité, pense-t-il. Sauf que les choses ne se passent comme prévu. Ne se sentant pas particulièrement concernés par la crise en Centrafrique et reprochant surtout aux autorités françaises d’avoir eu une mauvaise approche, les partenaires européens font la moue. Le couac dans la communication des autorités françaises témoigne de la difficulté qu’elles ont à obtenir le soutien qu’elles souhaitent de la part de leurs partenaires dans le cadre de l’opération Sangaris... 0:58 20-12-2013

En effet, le mardi dernier, Laurent Fabius annonçait que très prochainement des soldats européens seraient aux côtés des troupes françaises en Centrafrique. Mais aujourd’hui encore, on a de la peine à se faire une idée des pays dont parlait le chef de la diplomatie française. Parce qu’en réalité, seule la Belgique s’est jusqu’à maintenant clairement prononcée dessus. Sauf que là aussi, il ne s’agirait que d’un éventuel envoi de 150 soldats dont la mission, précise-t-on, serait de sécuriser l’aéroport de Bangui! Pour les autres membres de l’UE, on semble se gêner de désavouer publiquement le patron du Quai d’Orsay. Mais en off, beaucoup disent clairement qu’il n’est pas question d’envoyer des troupes en Centrafrique.

Du coup, la France essaie subtilement de mettre cet aspect des choses de côté. Le sujet que François Hollande souhaite évoquer ce vendredi au sommet européen de Bruxelles, c’est plutôt le financement de l’opération. En clair, la France voudrait trouver des partenaires pour l’aider à supporter l’effort de guerre. Mais là aussi, c’est loin d’être gagné.

D’abord parce qu’en raison d’une sortie plutôt lente de la crise, beaucoup de pays européens sont encore dans des programmes d’austérité qui ne laissent pas assez de place aux dépenses, fussent-elles, humanitaires. Par ailleurs, même si la France se montrait convaincante au point de faire admettre son projet de Fonds européen des opérations extérieures, celui-ci ne pourrait être concrétisé au mieux que dans le second semestre de l’année qui pointe. En fait, certains responsables européens semblent reprocher à Paris d’avoir mis la charrue avant les bœufs, en lançant l’opération avant de requérir leur soutien.

Comme on le voit donc, bien malgré elle, la France risque de demeurer seule ou presque dans la crise en Centrafrique. Or, comme l’attestent les événements d’hier dans le quartier banguissois de Gobongo, le défi sécuritaire est encore titanesque.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

Crédits Photo: Paris Match

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