SOUDAN DU SUD: Quand les égos déchirent le nouvel Etat

En obtenant son indépendance vis-à-vis de son puissant voisin du nord, le 9 juillet 2011, le Sud-Soudan pensait probablement avoir fait le plus difficile. Vrai en partie. Mais avec les premiers pas plutôt chancelants que pose le tout dernier-né des Etats africains, les défis se révèlent autrement plus grands. D'ailleurs, dès après la proclamation officielle de cette indépendance, des problèmes ont repris avec les autorités de Khartoum, autour non seulement du tracé définitif de la frontière, mais aussi à propos de la gestion de la rente pétrolière dont les infrastructures d’exploitation sont situées côté soudanais. Il en a résulté une forme d’asphyxie aggravant la conjoncture économique du nouvel Etat. Et voilà que les démons de l’instabilité politique viennent frapper à la porte. Comme ce fut le cas de la plupart des pays africains au sortir des indépendances, le virus qui menace les Soudanais du sud, va exacerber l’égoïsme et le goût trop prononcé que leurs autorités ont du pouvoir. Cette absence de tolérance de la part aussi bien de Salva Kiir que de Riek Marchar pourrait faire regretter l’indépendance. A propos du Soudan du sud, on avait déjà déploré toute la démarche qui a conduit à la scission. Ce n’est pas qu’on soit opposé à la légitime aspiration des Soudanais du sud à l’auto-détermination... 0:40 19-12-2013

Ce n’est pas qu’on soit opposé à la légitime aspiration des Soudanais du sud à l’auto-détermination ; mais pour le bien de l’Afrique, la tendance devrait être à la recomposition et non à l’inverse. Mais ce débat n’ayant plus aucun sens en ce qui concerne le Sud-Soudan, on aurait tout de même aimé voir ce pays jouir des bénéfices de cette indépendance et démontrer à la face du monde qu’elle lui était nécessaire. Malheureusement, ce n’est pas ce qu’il nous est aujourd’hui donné de voir.

Pour le nouvel Etat, la souveraineté rime avec une série de problèmes, les uns plus préoccupants que les autres. 

De tous ces problèmes, celui qui prévaut actuellement à Juba est certainement des plus révoltants. En effet, pour qui connaît le contexte dans lequel le pays a acquis cette souveraineté, les crises récurrentes avec le régime d’Omar El Béchir sont plutôt normales. Surtout quand, aux susceptibilités politico-personnelles, s’ajoutent les enjeux colossaux liés au pétrole dont le Sud-Soudan est le principal héritier. Par contre, on s’attendait moins à ce que les autorités de ce pays fassent prévaloir leurs égos au point de provoquer une crise autrement plus dangereuse pour l’avenir de cet Etat à peine sorti des entrailles du puissant voisin. Une crise d’autant plus dangereuse qu’au-delà des deux personnalités en compétition, elle pourrait mettre en face leurs communautés ethniques respectives. 


On croyait que Salva Kiir et Riek Machar étaient davantage préoccupés par le sort non enviable de leurs compatriotes. On les croyait plus soucieux de la consolidation de la nation en gestation. Hélas! Comme les premiers dirigeants en Afrique, les deux semblent voir dans le pouvoir et les privilèges auxquels il donne droit le but ultime de leurs batailles politiques. Le bien-être des leurs n’était visiblement qu’un fallacieux prétexte. Des fous du pouvoir en somme, incapables de s’entendre sur une modalité de sa gestion concertée. Chacun le veut pour lui et pour lui seul. Et c’est ce égoïsme démesuré de la part de ceux qui prétendaient conduire ce pays vers le paradis qui vient de provoquer la mort de 500 de leurs compatriotes, avec 1200 blessés et entre 15 000 et 20 000 déplacés. 

C’est ce même égoïsme qui a conduit les chancelleries occidentales à rapatrier leurs compatriotes. Alors qu’elles avaient pourtant applaudi des deux mains l’indépendance du jeune Etat.    

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

 

 

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