SEL SOLAIRE: Avantages et défis

A l’initiative de la Fédération des organisations paysannes de la Basse Guinée (FOP-BG), avec l’appui de ses partenaires, tous les acteurs guinéens de saliculture étaient réunis, ce jeudi 27 février dans la préfecture de Coyah, pour débattre des avantages et des défis du sel solaire. Il est à préciser qu’on entend par sel solaire, un type de sel obtenu grâce à un procédé de production basé sur l’exposition de la saumure aux rayons solaires. Evaluant tous les problèmes en rapport avec la technique traditionnelle qui utilise notamment le feu, les experts préconisent depuis une vingtaine d’année cette technique moderne dont les avantages sont multiples et variés. Mais le nouveau type de sel qui en résulte, est confronté à un certain nombre d’obstacles, en rapport notamment avec sa commercialisation.

C’est le Parc Milly Mamoudou qui a accueilli la rencontre que les organisateurs avaient délibérément choisi d’appeler ”Journée du sel solaire”. Pour la circonstance, tout le monde ou presque était là. Les saliculteurs de Boké, Boffa, Dubréka, Coyah et Forécariah étaient tous présents. Du côté des partenaires aussi, on n’a point boudé. Ainsi, les autorités gouvernementales, préfectorales et communales étaient toutes là. De même, des représentants de plusieurs départements ministériels dont ceux de l’agriculture et de l’environnement ont pris part à la rencontre. Les partenaires techniques et financiers dont la Charente maritime, Univers sel, l’Agence française de développement (AFD), s’étaient également grandement mobilisés.

Pour ce qui est des activités qui étaient inscrites au programme, elles auront toutes tourné autour des avantages et des contraintes du sel solaire. Ils sont essentiellement d’ordre sanitaire, environnemental et économique. Du point de vue de l’environnement, c’est Aboubacar Pastoria Sylla, vice-président de la FOP-BG qui en donne les impacts positifs, dans cet extrait de son discours : « La méthode traditionnelle qui consiste notamment à chauffer la saumure à l’aide des bacs de cuisson métallique, exige 3,1 kg de bois pour 1 kg de sel. La méthode solaire concourt à la préservation du couvert végétal de la mangrove, milieu naturel riche d’une grande biodiversité. L’intervention des différents acteurs nous a permis de répertorier 153 sites de production de sel solaire dont 88 ont été actifs en 2013, avec une production de 3000 tonnes. Ce qui, du coup, a permis de sauvegarder  9000 tonnes de bois sur la mangrove, qui donnent environ 1000 ha de mangrove sauvegardée ».

Du sel au feu au sel au soleil

Plus pragmatique, Sana Vieux Sylla indique qu’avec deux autres personnes, et ne disposant que de trente bâches, il produit en moyenne 9 tonnes de sel solaire. En provenance de Doupourou, dans la préfecture de Boffa, ce saliculteur membre de la coopérative COSETEK, marié et père de quatre enfants se rappelle encore de toute la pénibilité que lui imposait la méthode traditionnelle : « Avant, j’utilisais le feu. Cela impliquait qu’on gratte tout d’abord la terre concentrée de sel. Puis, il fallait ensuite couper les palétuviers qui devaient alimenter le feu permettant le chauffage. De même, il fallait faire une haie. Autant de travail qui vous contraignait à faire déménager toute la famille sur le site pendant toute la période de production du sel. Sans oublier que l’exposition au feu n’est pas vraiment une bonne chose pour la santé humaine ». 

Mais ayant désormais définitivement tourné le dos à cette méthode-là, il se dit très heureux avec la méthode solaire qui ne consiste plus qu’à étendre la saumure sur une bâche exposée au soleil. A ce dernier de faire dorénavant le travail d’évaporation qui revenait au feu. Aussi simple et rentable qu’est cette nouvelle approche, elle demeure cependant à un problème fondamental qu’est la ”difficulté d’approvisionnement en bâches”. En effet, selon Sana Vieux Sylla, « Ces bâches en plastique sur lesquelles nous exposons la saumure pour avant son évaporation solaire, ne se trouvent qu’à Conakry. Dans les conditions normales, une seule bâche coûte 40.000 GNF. Mais quand on prend en compte les frais de transport, elle nous revient plus chère ».

La problématique de la commercialisation

Les défis les plus importants auxquels les acteurs de la saliculture guinéens restent confrontés sont cependant en rapport avec sa commercialisation. A en croire Mangué Sylla, président de la Coopérative CSMACO de Coyah, « les clients qui sont habitués au sel de fabrication traditionnelle ont du mal se défaire de cette habitude. Ils disent reprocher au sel solaire ses cristaux qui sont, il est vrai, plus gros. Ce handicap, entre autres, fait que ce type de sel n’est pas vraiment vendu. Pour preuve, moi-même je dispose actuellement d’environ 400 sacs de 50 kg que j’ai du mal à écouler ». Les commerçants sont d’autant plus à plaindre que ce n’est pas le seul adversaire auquel ils font face. Poursuivant, Mangué Sylla confie, en effet : « nous subissons de la part du sel sénégalais en particulier. Grâce aux échanges transfrontaliers entre la Guinée et ce pays voisin, les zones de la Moyenne et de la Haute Guinée ainsi que de la Guinée Forestière sont ravitaillées par les producteurs sénégalais. Or, en plus de certaines qualités notamment l’emballage, ce sel-là bénéficie d’un coût de production beaucoup plus moindre. Du coup, il revient moins cher au consommateur guinéen ».

Face à ce redoutable adversaire, les responsables de la FOP-BG voudraient compter sur une politique de protection des producteurs locaux de la part de l’Etat guinéen. Mais devant une telle requête, certains intervenants du secteur souhaitent que les conditions soient tout d’abord réunies pour que la production locale puisse satisfaire la demande locale.    

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info  

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