PORTRAIT : une Guinéenne à l’Unicef, espoir des enfants en détresse à Mopti

Le port pourrait donner l’impression d’être martial tellement l’allure est ferme et décidée. Normal ! Mme Kadiatou Diallo, l’âge hésitant entre 40 et 50 ans, Chef du bureau de zone de l’Unicef de Mopti, 600 km au nord de Bamako, dans sa tendre jeunesse au lycée à Conakry, République de Guinée, caressait le rêve d’une carrière dans l’armée.

« Au lycée, en terminale scientifique, je me voyais dans un centre stratégique militaire calculant la trajectoire des missiles et autres engins balistiques. ». Les rêves militaires envolés sous la persuasion affective de son futur mari, aujourd’hui ingénieur des mines à Conakry, Kadiatou va se découvrir une ambition de militante de l’action humanitaire. 

Professeur des sciences exactes à l’Institut national d’animation pédagogique de Conakry, elle s’envola à Dakar pour se lancer dans les arcanes de l’économie du développement en intégrant le célèbre Institut Africain de Développement Economique et de Planification (IDEP) créé en 1963 par les Nations Unies pour renforcer les capacités des jeunes africains en matière de gestion et de planification économiques. 

Convertie à l’économisme, courant de pensée qui privilégie la place des faits sociaux dans l’économie, elle sillonne le continent africain en qualité de consultante itinérante. Tout naturellement, ses pérégrinations professionnelles ne peuvent que conduire ses pas en 2008 vers l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, la mythique agence humanitaire dont la mission est de veiller au développement harmonieux des enfants sur tous les plans. 

Arrière-petite-fille du tout-puissant Almamy Sory Barry, roi sans partage de la partie guinéenne du Fouta Djalon, farouche opposant à la pénétration coloniale, géniteur d’environ 80 enfants issus de mariages avec une trentaine d’épouses (la pratique d’alors de l’islam autorisait quatre femmes de rang noble et un nombre de femmes illimité de statut esclave), Kadiatou aurait pu être une de ces Guinéennes anonymes au sort précaire, confinées à d’obscurs labeurs perdues dans la luxuriante forêt du Fouta Djalon. 

Grâce à son papa, Alpha Mocktar Barry, administrateur d’arrondissement, qui échappa aux purges du régime de Sékou Touré contrairement aux deux frères de Mocktar ayant péri au Camp Boiro de sinistre renommée, Kadiatou Bhoye (un second prénom laissé en rade à cause de sa connotation masculine en Guinée), 20e enfant sur 34 dont huit de sa maman, a pu aller à l’école et obtenir de brillants résultats qui lui ont permis de devenir un haut cadre international. 

Une silhouette de liane gracile et gracieuse de 1m76, le rire franc et radieux soutenu par une denture à la blancheur éclatante, le pas chaloupé, le propos courtois, un tantinet snob, le Chef du bureau Unicef de Mopti cultive un look de grande dame dont la délicate assurance laisse deviner une fierté contenue qui force respect et même admiration. 

Au Mali depuis 2013, la seule obsession qui hante Kadiatou est le sort des enfants dont la survie dépend en grande partie de l’action des Nations Unies. « Il s’agit de faire face à la détresse de tant d’enfants privés de services essentiels de santé, d’éducation, d’alimentation » martèle Mme Diallo. C’est devant l’immensité du défi, l’UNICEF a décidé de faire de la région de Mopti une zone d’intervention prioritaire car où les séquelles de la douloureuse crise sécuritaire et politique de 2012 sont encore vivaces. 

Composée de 10 collaborateurs et quatre assistants en charge des questions, entre autres, de nutrition, d’éducation, d’hygiène et d’assainissement, l’équipe du bureau de zone et son Chef  s’échinent à longueur de journée à travers d’interminables étendues d’espace pour venir en aide à des populations pas encore tout à fait remises des traumatismes de la crise vécue de plein fouet il y a deux ans. Elle déclare avoir à regretter parfois le manque de leadership sur le terrain de la part de la partie malienne. Mais elle dit ne pas désespérer de voir les comportements évoluer positivement en faveur d’une plus grande réceptivité aux transferts de compétences et de capacités qui sont une composante de la mission des Nations Unies en Afrique.  

« Elle ne rechigne pas à la tâche et c’est en véritable capitaine (tiens !) qu’elle dirige son équipe et parvient à faire travailler tout le monde à tirer de chacun le meilleur de lui-même. » fait remarquer Mamadou Kanté, responsable du département éducation, en parlant de Mme Diallo. « Elle a su instaurer une bonne ambiance de travail renchérit Mme Kaloga Mariam Dian Keita, assistante de direction. Sous sa responsabilité, le bureau est comme une famille où tout le monde se sent bien. La coopération entre tous est saine et stimulante ». 

La partie malienne, bénéficiaire de l’action de l’Unicef, n’est pas en reste. « La disponibilité de Mme Diallo, son sens de l’écoute, sa gentillesse naturelle et sa capacité à cerner nos problèmes cruciaux ont permis d’instaurer de bons rapports de partenariat entre l’administration régionale et le bureau de l’Unicef de Mopti, constate un fonctionnaire du gouvernorat de la région ». 

Adepte de la musique de Salif Keita, des Guinéens Bambino et  Fodé Baro, des Sénégalais Youssou Ndour et Baba Maal, Kadiatou, maman de cinq enfants,  passe aussi ses moments de détente à pratiquer le sport. Tous les samedis, elle avale 12 km à la marche en essayant d’entrainer, dans la bonne humeur, des fonctionnaires de son bureau. 

Diomansi Bomboté pour GCI

2015 – GuineeConakry.info

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