MINES ET CORRUPTION : Soupçons au sommet

Après avoir longtemps figuré sur la liste noire des pays reconnus par l'ITIE, l'initiative pour la transparence dans les industries extractives, comme un pays où règne une certaine opacité dans la gestion des ressources minières de leurs sous-sols, la Guinée n'a été déclarée pays conforme qu'en décembre 2015. Malgré cette reconnaissance, les scandales de corruption à répétition dans le secteur minier guinéen sont symptomatiques de la façon dont ses ressources minières sont gérées.

Quelques mois seulement après les révélations de l'ONG britannique Global Witness qui ont ébranlé le plus haut sommet de l'État guinéen avec l'affaire dite '' Sable Mining'', et qui n'a même pas fini de livrer tous ces secrets; un autre scandale refait surface avec en toile de fond des soupçons de corruption engageant la société Palladino et impliquant cette fois-ci de façon implicite le président guinéen Alpha Condé, cité par l'homme d'affaires gabonais Samuel Mebiane lors de son audition par le FBI.

Il faut rappeler que cette histoire de versement de 25 millions de dollars US aux autorités guinéennes, ne date pas de maintenant. L'opposition guinéenne a, à maintes reprises fait des allégations concernant le ''cas Palladino'' qui aurait, selon elle, lors de la présidentielle de 2010 versé les 25 millions pour soutenir l'actuel président en contrepartie d'avantages miniers. Ces accusations seront confirmées par les premières révélations du Financial Times. Le ministre des mines d'alors affirmera que la somme prêtée avait été remboursée. Comme si si le délit disparaissait de facto.

D'après les dernières révélations du journal britannique le Financial Times, Samuel Mebiane, fils de l'ancien premier ministre gabonais serait la croix de transmission qui a amené les enquêteurs du FBI à s'intéresser à la Guinée, en plus du Tchad et du Niger. Il est notamment accusé par le bureau fédéral d'investigation des États-Unis, d'avoir été un intermédiaire de Africa management limited, pour l'obtention d'un contrat minier pour le compte de la société Palladino qui avait alors fait un prêt de 25 millions de dollars au président actuel.

Dans sa déposition au FBI, Mebiane a reconnu avoir eu des faveurs spéciales dans le cadre minier guinéen grâce, selon ses propos, à des paiements qu'il aurait effectués à de hauts cadres guinéens. Dans un enregistrement sonore d'une conversation entre Mebiane et un ancien ministre guinéen des mines, Samuel menaçait de faire un déballage, ce qui accréditait à l'époque une fois de plus, les soupçons de corruption.

Mebiane déclare au FBI '' En 2010 j'ai fourni une luxueuse Mercedes à un candidat à un haut poste politique en Guinée qui a, par la suite été élu ». Le nom du candidat dans le rapport d'enquête est official numéro Un, affirme t-il. Une seconde personnalité du pays est codifiée dans le rapport sous le nom official numéro deux, il pourrait s'agir du ministre des mines. D'après le Financial Times, Mebiane aurait corrompu l'administration guinéenne jusqu'au plus haut sommet.

Depuis les dernières révélations du ce journal britannique, l'information fait la une de la presse guinéenne, mais, malgré le débat sur ce scandale de corruption concernant le président Condé, aucune réaction officielle n'a filtré pour l'instant. Contrairement à l'affaire Sable mining où le président, incriminé, avait alors instruit son ministre de la justice pour suivre de près le dossier. Même si jusqu'à date cette autre affaire n'a eu aucune suite contrairement au Liberia, un autre pays alors touché par le scandale.

Ces révélations à n'en pas douter sont comme du pain béni pour l'opposition guinéenne qui,après le petit air de détente qui a caractérisé ces derniers jours, certains parmi les plus virulents opposants au régime Condé, comme Faya Millimono ont commencé à revendiquer la légitimité de toutes leurs dénonciations antérieures sur la corruption et la malgouvernance actuelle du pays par le régime actuel.

À présent, l'on s’interroge sur la suite probable de ce rocambolesque scandale digne d'un polar américain. Les autorités guinéennes vont elle accepter de collaborer avec la justice américaine qui semble déterminer à aller jusqu'au bout ?

Ou-bien celle ci va plutôt privilégier un ''règlement à l'amiable'' de cette affaire comme le souhaite l'homme qui est est au cœur du scandale et qui semble ne pas vouloir couler seul, mais avec ses complices ?

 

Salématou DIALLO pour GCI

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