Fils de Sulemani Leno, lui-même fils de Fadaka, tout en s'affirmant Kissi, Kissi Kaba se reclamait d'un ancêtre Marinka venu du pays Manding, à une époque lointaine qui correspondrait à la chute de l'Empire du Mali.
Les intrigues familiales autour du trône l'amenèrent à lutter contre son cousin Asana Leno, fils de Sépé de Körödu auquel il reconnaissait pourtant le droit de l'héritage.
Ses succès sur ses frères furent le couronnement du ferme soutien de son père adoptif. C'est ainsi qu'il étendit son domaine jusqu'à la limite des affaires de Soulemani Savané.
De tous les chefs du Nord, Kissi Kaba demeure incontestablement le plus prestigieux grâce au soutien que lui accordaient les Kurankö de Mörige, ainsi que les Lélé de Yômbirö. C'est ce qui consolida davantage son armée qui était certes, d'une structure composite, parce que regroupant Kisi et Kouranko, mais admirablement organisée, car chaque province, en ce qui la concernait était chargée de la défense de son territoire.
Lorsqu'il s'agissait, par exemple, d'un combat à mener un nombre de villages, Kisi Kaba regroupait facilement sous son autorité les guerriers du Kuranko-Ouest sous les ordres de Kourani-Sori Mara, les jeunes gens du Faramayan recrutés et préparés par lui-même, ainsi que les guerriers de Buye et Nbeltö.
A l'aide de ces troupes, Kissi Kaba tentait surtout de s'imposer aux habitants de Bendu, Fermèsadu et même Tenkin.
L'officier de l'armée de Kissi Kaba s'appelait Dawo Leno, un homme préparé à cette fonction par le « Mori ». Ses lieutenants étaient Masa, uri Mano de Bendu et Bampo Tenkiano de Nende Lane.
Quand arrivèrent les Français à partir de 1892, Kissi Kaba qui avait la lourde responsabilité de défendre son territoire, dû recourir à toutes les forces vives avec les moyens mis à leur disposition.
Face à la supériorité matérielle de l'ennemi, le chef des Kissi de Faramaya n'avait qu'à repartir les tâches entre chaque chef de province relativement autonome.
Stratégie militaire de Kissi Kaba
Cette stratégie consistait en:
1. Le camouflage: les missions coloniales qui venaient soumettre les villages étaient très souvent guettées soit au pied d'une montagne, soit au bord d'un fleuve, où, derrière un buisson, une troupe armée de fusils, de sabres, d'arcs et de flèches attaquait par surprise et cherchait à enlever à tout prix le chef blanc.
2. La destruction des ponts: les pays de Kissi Kaba était abondamment arrosés, de ce fait un village situé au-delà d'une rivière coupait tous les ponts en liane à l'approche de l'ennemi.
3. Lorsque par ces méthodes il était impossible de barrer la route aux envahisseurs, il était ordonné le combat corps à corps, en attaquant toujours par surprise. Dans ces conditions tout était utilisé: coupe-coupe, couteau, sabre, lance, etc.
En 1893, conscient de la brutalité coloniale, Kissi Kaba accepta avec reignation les colonnes françaises. Décision tactique, car il fut brutalement reconnu chef du Kisi Nord.
Progressivement Kissi Kaba allait devenir un obstacle à la domination et de ce fait allait être combattu par les conquérants qui placèrent à la tête de quelques chefferies des valets qu'ils trouvèrent parmi ses rivaux.
Idrissa Camara pour Guineeconakry.info
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