GREVE DES ENSEIGNANTS : Chronique annoncée d’une profonde crise

La grève déclenchée le 6 février par l’inter syndicale des enseignants, et suspendue le 20 février, aura connu un épilogue dramatique et tragique. Alors qu’à la suite de négociations ardues menées entre le gouvernement et les syndicalistes, un protocole d’accord est conclu à l’arraché dans la soirée du dimanche 19 février, le lendemain, la capitale se réveille dans un climat de terreur. Les principaux quartiers de la haute banlieue de Conakry étaient pris d’assaut par des hordes de jeunes, qui des heures durant se sont défoulés. Comment se fait-il qu’une simple action syndicale règlementaire s’est muée en une situation quasi insurrectionnelle ? Décryptage…

Le lundi noir que nous avons vécu devrait être pris très au sérieux par nos décideurs. C’est un véritable coup de semonce à l’adresse du pouvoir du professeur Alpha Condé. Les scènes de violence enregistrées au lendemain de la suspension de la grève donnent à réfléchir. Raison pour laquelle, dans les jours et semaines à venir tous les acteurs concernés par la consolidation de la paix et de la quiétude chez nous, doivent tirer tous les enseignements de cette grave situation.

Si l’on n’y prend garde, le scénario catastrophe des années 2006/2007 pourrait se reproduire. En juin 2006, des manifestations d’élèves avaient enregistré malheureusement des victimes. Faute d’anticipation des autorités de l’époque, la crise a empiré crescendo pour finalement glisser sur le front social. On connait la suite…

UNE RESPONSABILITE PARTAGEE

Sans avoir la prétention de jeter la pierre au gouvernement et aux syndicalistes, il y a lieu de situer la responsabilité des uns et des autres. A partir du moment, où l’inter syndicale avait déposé un préavis de grève générale, le gouvernement avait l’obligation d’en tenir compte et d’y accorder l’attention requise. En d’autres termes, il fallait mener toutes les démarches susceptibles de désamorcer la bombe sociale. Rien n’y fit, puisque à l’échéance du préavis, la grève fut déclenchée avec les conséquences que nous venons de subir.

A ce niveau de l’analyse, la question est de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas attendu la fermeture des classes pour la mise en œuvre du programme d’engagement des contractuels ? Une erreur de casting qui va nous coûter très cher !

Le ''pêché mignon'' des syndicalistes aura été d’avoir participé à l’élaboration de la nouvelle grille salariale sans faire de compte rendu d’étape à la base. Une démarche, qui aurait permis de déceler les dysfonctionnements constatés maintenant. Ont-ils été guidés par un esprit de suffisance ou un excès de confiance ?

Ce qui est certain, dans l’un ou l’autre des camps (gouvernement /syndicat) des mécanismes de prévention auraient pu être activés pour éviter le clash de ces jours-ci. Un clash dont on ne finira pas encore d’évaluer les effets collatéraux de sitôt.

 QUE NOUS RESERVE L’AVENIR ?

Sans être pessimiste, il ya lieu de s’inquiéter. De gros nuages s’amoncellent à l’horizon. Il revient donc en premier chef au président de la république, de décrypter les signaux qui lui ont été adressés. Au-delà de simples voies de fait, maints observateurs semblent déceler une certaine manifestation d’un ras-le-bol.

En dépit d’une relative embellie macroéconomique, une grande majorité de nos compatriotes ne bénéficie pas encore des retombées de la gouvernance actuelle. Pour endiguer ce sentiment de rejet des mesures drastiques sont à prendre. Des actes forts sont à poser pour rassurer les citoyens sur l’avenir du pays.

Bien plus que des professions de foi démagogiques, il est temps de redresser la barre du navire Guinée, qui prend de l’eau. C’est la leçon à tirer de ces malheureux et douloureux événements que nous vivons ces jours-ci.

GCI suit pour vous.

Thierno Saïdou DIAKITE pour GCI

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