EBOLA EN GUINEE : De Tana à Koropara, la fin d’une douloureuse histoire

Dans cette verdoyante et laborieuse clairière de Tana, un village de la sous-préfecture de Kalia, distant d'une vingtaine de kilomètres de la ville de Forécariah, le service logistique de l'UNICEF a fait surgir en quelque 24 heures, une petite cité avec ses tentes blanches, sur lesquelles rutile un soleil généreux, tandis que grouille tout un monde de mobilisateurs sociaux, d'agents de santé, de journalistes, etc.

Cette ‘’base-vie’’ est née de la volonté d'appui de la Coordination nationale de lutte contre Ebola et ses partenaires que sont l'UNICEF, l'OMS, le PAM, la Croix Rouge notamment, face à la résurgence têtue de la maladie à virus Ebola à Tana. Ce village où, malheureusement, un guérisseur traditionnel, ignorant les consignes des autorités sanitaires nationales, a voulu jouer au grand sorcier, en promettant aux parents inquiets, de soigner leur petite fille. Au contact de la malade, ce charlatan en mourra, et la fillette, elle aussi, ne survivra pas non plus. Et malheureusement, c’est de ce comportement déviant que surgira une nouvelle chaine de contaminations. La série commencera par la famille Soumah, où deux coépouses entrées en contact avec la fillette, vont aussi succomber.

Ebola est une maladie qui terrasse les croyances séculaires, les attitudes de solidarité et bouleverse les relations humaines. C’est ce que déplore Ibrahima Camara, un sage du village : « Désormais, se saluer en se serrant les mains est un délit, une condamnation à mort! Incroyable. Difficile à accepter.»  De là, toute la préoccupation des responsables et des partenaires de la Coordination vont systématiquement déployer dans ces villages de Forécariah, les stratégies de ''ratissage'' et de ''micro cerclage''. Une double stratégie mise en œuvre ici comme deux approches complémentaires de la Coordination nationale de lutte contre Ebola, en collaboration avec la direction préfectorale de la santé, pour mettre fin à cette épidémie. 

Face à ce terrible rebond de la maladie, occasionné par l'arrivée malheureuse d'un ‘’contact’’, une fillette de dix ans, par le village portuaire de Kitérin, a subrepticement disparu de la commune de Ratoma à Conakry, suite à des consultations ‘’pirates’’, pour venir se cacher dans Tana, ce paisible village, avec la complicité de certains de ses parents. Des démarches qui avaient déjà fait leurs preuves dans bien d’autres localités autrefois éprouvées par le ''virus maudit'', comme Tamaransy dans Boké ou Tanènè dans Dubréka.

Le micro cerclage est une stratégie  nationale qui consiste à organiser les acteurs de la riposte autour d'une chaine, ou un foyer de cas confirmés (à haut et faible risque), issus de ce foyer ou de cette chaine, de façon isolée (quarantaine), avec des appuis en vivres et autres matériels divers. Le ratissage, quant à lui, est une approche de surveillance associée à la sensibilisation pour rechercher et retrouver des cas (malades, étrangers,  vulnérables de la MVE, décès avec identification des personnes à risque), sans limitation des mouvements des personnes ou des populations, sans aucune prise en charge en vivres.

C'est la combinaison intelligente de ces méthodes qui a permis de circonscrire efficacement, au bout de 21 jours, la maladie à virus Ebola, et de progresser rapidement vers son éradication de la zone de Tana. C’est de ce village qu'est partie Madame Soumah qui mourra en couche et laissera le bébé prénommé ‘’Nubia Soumah’’ par ses parents. Surnommée ‘La reine’ par le personnel médical de MSF, sera la toute dernière patiente à sortir du Centre de traitement d'Ebola de Nongo, le 16 novembre 2015. Ce qui conduira à la première proclamation officielle de la fin de l’épidémie d’Ebola en Guinée, le 29 novembre 2015.

Mais, c’était juste une trêve. Avant cette autre éprouvante saga de Koropara en mars avril 2015, dans la ville de N’Zérékoré. Une reprise-surprise de la maladie que la Guinée croyait avoir vaincue : bBranlebas généralisé, déploiement rapide sur le terrain pour encercler le village et couper net toute chaine de transmission. Entretiens avec les leaders communautaires et les familles pour les informer de la résurgence d’Ebola et les mesures sanitaires à prendre, mise en place de  la coordination locale pour l’opérationnalisation des équipes de ‘’micro cerclage’’ pour le suivi des contacts, la vaccination de ces derniers, la prise en charge de malades;  les activités équipes de ratissage et de sensibilisation en porte-à-porte, la fourniture de vivres et du cash à tous les ménages recensés comme contacts, enfin la distribution des radios solaires pour l’information ciblée des communautés.   

Ce sont toutes ces actions concertées et coordonnées de la Coordination de lutte et de tous les partenaires locaux et internationaux qui mèneront, après une période de surveillance de 90 jours à  la proclamation officielle, le 1er juin 2016, de la fin de l’épidémie Ebola en Guinée.  

Justin MOREL Junior 

© 2016 GuineeConakry.Info              

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